Le compte rendu de Tapas une idée pour…réagir en situation d’urgence
La nuit du 14 au 15 juillet 2021, les deux implantations des Musées de Verviers ont été touchées par les inondations. Les sous-sols du musée d’Archéologie et de Folklore, musée du XVIIe siècle, ont complètement été immergés, l’eau de la Vesdre est montée jusqu’à un mètre au rez-de-chaussée. Les sous-sols du musée des Beaux-Arts et de la Céramique ont eux aussi été entièrement immergés et 15 à 20 cm d’eau ont inondé le rez-de-chaussée. De nombreux dégâts ont été causés dans les deux musées.
Le 16 juillet, un appel a été lancé au Bouclier Bleu et, dès le 17 juillet, de nombreuses personnes se sont mobilisées (restaurateurs indépendants, personnel d’autres musées, IRPA, bénévoles…). Un an et demi plus tard, les restaurations et travaux des deux sites se poursuivent. Un travail de réorganisation des réserves est également entamé et le dossier du futur musée Biolley avance…
L’équipe des musées n’était pas préparée à gérer une telle catastrophe. Depuis cet événement, les musées ont acquis du matériel, des équipements pour le personnel et l’équipe suit les ateliers « Plan de sauvegarde des biens culturel » lancés/initiés/mis en place par l’ICOM et MSW.
La réunion du 20 mars 2023 :
Lors de la rencontre, Caroline Henry et Carla Zurstrassen nous ont accueilli.e.s dans la bibliothèque communale de Verviers. À ce jour, les deux implantations de Verviers sont toujours en travaux.
Les participantes à cette rencontre étaient Céline Ruess de la Maison de la Métallurgie et de l’Industrie de Liège, Amandine Leusch du Musée de la Ville d’eaux de Spa, Caroline Martorona et sa collègue Valérie Bockiau de l’Aquarium Museum Universitaire de Liège et Gillian Van Weyenbergh du War Heritage Institute.
Après une brève présentation de MSW par Laurent Panepinto et Romain Jacquet, Caroline Henry a tout d’abord partagé son vécu très personnel de cette crise majeure. Grâce à cette introduction, nous avons pu comprendre l’importance de se préparer aux situations d’urgence, bien que cela n’empêche pas le travail en amont et en aval du sinistre d’être colossal. Caroline nous a sensibilisé.e.s sur l’importance d’avoir un plan d’urgence de sauvegarde des collections.
Un nouveau décret impose à tout détenteur de bien(s) classé(s) de se former aux plans de sauvegardes des œuvres.
Ensuite, Carla a parlé de l’inventaire et de l’organisation des réserves. Elle s’est inspirée du programme RE-ORG pour commencer à dresser l’inventaire des œuvres à Verviers et optimiser l’espace. Ce programme est développé par l’ICROM et l’UNESCO. Vous trouverez plus d’informations sur ce sujet à l’adresse https://www.iccrom.org/programmes/re-org.
Ce programme qui a l’avantage, entre autres, de mesurer l’espace réservé aux collections, a été élaboré pour des collections de moins grande envergure qu’à Verviers, Carla a donc adapté le classement de la méthode RE-ORG à leurs collections.
Après ces présentations, les participant.e.s se sont ensuite rendus vers 11h20 sur les sites, dans les musées où Caroline et Carla ont continué le partage d’expériences et de recommandations.
Enfin, le lunch de midi a permis de prolonger les différents échanges.
Quelques recommandations :
Tout d’abord, il est capital de disposer d’un inventaire complet des collections et des réserves ainsi que d’un plan de sauvegarde (l’un et l’autre sont complémentaires). Le C2RMF est un incontournable dans le second domaine. Des méthodes et outils vous sont proposé.e.s à l’adresse https://c2rmf.fr/fiches-techniques-0.
Le plan de sauvegarde sera idéalement proposé aux pompiers, qui seront informés au préalable de l’ordre des priorités de sauvegarde grâce au plan.
Ensuite, s’entourer de spécialistes de la conservation/restauration tels l’IRPA qui a initié les Musées de Verviers au programme RE-ORG, ou le Bouclier bleu et de restaurateurs, ainsi que d’un réseau d’entraide. À titre d’exemple, le Musée de la Vie wallonne et le Grand Curtius ont donné des palettes et du Tyvek aux Musées de Verviers. Si les spécialistes sont indispensables, les bénévoles, encadrés par les experts, seront aussi d’une aide précieuse.
N’oublions pas non plus les écoles. Les musées de Verviers ont par exemple été aidé par la section « Conservation, restauration des œuvres d’art » de l’École Supérieure des Arts Saint-Luc Liège.
Cela semble évident, mais rappelons aussi la nécessité de disposer de matériel d’intervention de crise, comme une pompe vide cave, un groupe électrogène, des masques FRP3, des bottes, des salopettes, des torches électriques, du papier buvard, des pinceaux, du tape, des carnets de notes (en cas de panne d’électricité), etc. Cette liste est loin d’être exhaustive.
De bonnes assurances pour les collections et les bâtiments, une étude de stabilité/viabilité des bâtiments s’ils abritent encore du personnel et/ou des collections après le sinistre s’avèrent également essentiels.
Enfin, l’état et les politiques ont aussi un rôle à jouer, que ce soit pour débloquer des fonds ou trouver des locaux pour « loger » les réserves. Depuis les inondations, les réserves des Musées de Verviers ont triplé.
En conclusion, cette crise aura fait énormément de dégâts, mais aura cependant permis une grande solidarité, l’acquisition d’une méthode et la rencontre de ce 20 mars 2023.
